• Histoire chevelue

    ๑۩۞۩๑ Mémoires de Lodano ๑۩۞۩๑
    et autres récits du Second Monde




    ◦═══╣Histoire chevelue

     

    [01] lodana

    Je revenais à [01] Lodana en fureur. Après avoir roxé dans un pvp sanglant dans la vallée du 576-580 | 712-716, j’étais de retour dans ma ville en avance, par nuitée, en compagnie de mes intendants, pendant que ma off restée sur le champ de bataille ramassait le bois et le fer qui avait looté des armures et des armes des cadavres ennemis, la pierre dans les munitions de trébuchets et récupérait nos morts pour une sépulture décente.

    Je revenais de nuit afin de ne pas trop me faire remarquer dans ma propre ville. Passé la grande arche, je traversai au galop la grande avenue afin de rejoindre mon castel (niveau 50) prestement, et mes intendants qui parurent terriblement mal à l’aise pendant tout le trajet ne semblèrent pas pressés de me suivre. Arrivé dans la salle du trône, d’une humeur lacrimable, je claquai la porte principale et fit négligemment signe au conseiller que j’allais descendre par le passage secret.

    - Votre agro s’est-elle bien passée Monseigneur ? Devons-nous lancer le downtime ?

    Il était évident en lisant son regard interdit que ce n’était pas ces questions qu’il voulait me mander. N’ayant sur le moment aucune patience ni pour les tâches administratives ni pour sa jactance, je lui lançais d’un ton si sec « oui, oui, faites préparer le heal des troupes » qu’il comprit rapidement que ce n ‘était pas le moment de m’importuner avec la gestion. Il fit alors un petit mouvement de tête vers un écuyer qui évacua la salle. L’assemblée partit comme des zombis, interloqués, les gens me regardaient avec de grands yeux ronds, se demandant qu’elle fut cette sorte de grosse boule sous mes cheveux, et ce bâton qui me pendait de derrière l’oreille.

    Lorsque la salle fut vide, à l’exception de mon conseiller et des quelques gardes, j’en attrapais vivement un par le col de l’armure pour qu’il aille me pousser le lourd trône en chêne et ses parures d’or, qui cachait derrière le mur une trappe fermée par un grillage d’acier. Décontenancé, le garde faisait trembler le trousseau de clé et ne parvenait même plus à insérer la clé dans la serrure. « Pousses-toi » tonnais-je lorsque le trousseau chu au sol, toujours dans une humeur exécrable.

    Je poussai le grillage, descendis l’escalier casse-gueule en colimaçon, le bout de bois de derrière mon oreille se bringuebalant au gré de mes pas, et j’arrivai enfin dans une petite pièce sombre, celle de mon mentor.

    Le désordre innommable de livres et de parchemins entassés depuis des années et l’épaisse couche de poussière auraient eu raison d’un maniaque ou d’un asthmatique, les bibliothèques regorgeaient de manuscrits en tout genre, de grimoires, les étagères débordaient d’ustensiles divers, les bocaux dégueulaient de substances hasardeuses et d’ingrédients étranges prévus pour je ne sais quels charmogne de sorceresse.

    Je m’affalai dans le fauteuil qui faisait front au bureau comme si j’avais couru le cent mètres et, entre nous, avec ma vive allure et mes gestes brusques depuis mon arrivée à [01] Lodana, c’était tout comme.

    De l’autre côté du bureau, Dolkien le Sage, mon mentor, méditait, sans me joiler, perdu dans ses pensées. Dans la pénombre on devinait sa longue barbe blanche et son crâne dégarni où des touffes éparses avaient pu subsister. À mon arrivée Il se redressa mais ne prit pas la parole tout de suite. Il avança même son visage dans la faible lueur des étoiles venue de la seule et minuscule lucarne de la salle exigüe. C’était quelque chose dont il avait la prudence de ne jamais faire mais je lisais dans son regard cet irrésistible besoin de m’observer… Les yeux rivés vers cette grosse boule que j’avais dans les cheveux, il me regardait comme la populace interloquée de la salle du trône.


    « - Mais bon sang, Lodano, qu’est-ce qu’il t’arrive ?
    Quoi ?! tonnai-je d’un ton amère. Cela ne se voit pas ? »

    Voyant que Dolkien me scrutait de plus belle, en plissant les yeux comme pour mieux comprendre, je me résignai à prendre les devants.

    « - J’ai mon fléau d’arme qui s’est pris dans mes dreads !
    - Qu… Quoi ? balbutia-t-il
    - J’ai dit que mon fléau d’arme s’est coincé dans mes dreads, en plein de champ de bataille ! Tonnai-je de plus belle.
    - Le sage réprima un sourire. Et tu veux que je fasse quoi ?
    - Comment ça « que tu fasses quoi ? » Mais j’en sais rien, moi, trouve une solution, bon sang ! J’ai du achever mes ennemis au burin, ça le fait pas pour un chef de guerre !
    Cette dernière remarque, fatale, ne permit plus à Dolkien de se contenir, et il éclata de rire.
    - Ne te moque pas de moi ! ça fait un mal de chien !
    Il ne dédaignait plus m’écouter, de toute évidence j’avais raison, « ça le fait pas, pour un chef de guerre ».
    - Ecoute, j’ai bataille demain aux aurores, alors soit tu me trouves une jouvencelle pour me démêler les locks soit je me tire, mais arrête de rire comme un imbécile.
    Dolkien s’affalait sur son bureau dans une hilarité totale. Il venait de voir, en plus, le manche qui me pendait de derrière l’oreille.
    - Je ne peux plus mettre mon casque, lançai-je, désespéré et à court d’argument. Je ne peux pas rester comme ça, c’est vachement dangereux !
    Mais plus j’en rajoutais plus il riait, et je finis par quitter la pièce sans même dire au revoir, dans une fureur digne d’un tyran, lassé de cette scène pathétique.

    Le lendemain, mes hommes et moi-même avions prit place aux premières lueurs sur le champ de bataille, j’avais donné l’ordre à mes lieutenants de couper la tête au moindre ricanement et, après que quelques têtes eurent roulées, mes sujets restèrent sérieux. La tête nue, toujours avec un bout de fléau me pendant de sous les dreads, j’avais pu me dégoter une épée pour mener – tout de même – correctement mon combat. Il me vint alors une idée stratégique révolutionnaire. Lorsque l’armée ennemie s’avança, les diplomates, comme il est coutume, et les miens se donnaient rendez-vous au centre du champ de bataille. J’inventai alors une nouvelle politique diplomatique de dernière minute, un truc complètement saugrenu du style « toutes vos ressources et la moitié de vos hommes en esclavage ou nous attaquons » bref, un traité que l’ennemi ne pouvait pas décemment accepter afin de m’assurer que la guerroyade ait lieu. Là-dessus, je pris part au cortège diplomatique et me rendit au centre du champ de bataille avec les autres diplomates, de sorte à être visible de l’ensemble de l’armée ennemie. Ce qui devait arriver arriva. Les diplomates du camp d’en face refusèrent mon offre impossible et leur général donna l’ordre d’attaquer mais, ses soldats m’ayant vus, avec mon fléau coincé dans les locks, ils furent tous écroulés de rire.

    Déconcentrés, nous les massacrâmes aisément jusqu’au dernier.

    Mouahahahahahaha…


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